Cyberdépendance: comment lutter contre l’addiction aux écrans ?
La cyberdépendance, c’est quoi ?
On peut globalement définir la cyberdépendance comme un état de dépendance psychologique à l’égard des techniques de l’information et de la communication. Pour résumer, on ne peut plus s’en passer même quelques heures, et on en veut toujours plus.
Selon Alexis Peschard, il existerait surtout DES cyberdépendances. Celles aux smartphones, aux réseaux sociaux, aux ordinateurs ou aux tablettes en passant par l’addiction aux jeux vidéos, de hasard, d’argent, à la pornographie en ligne ou aux séries consommées compulsivement (on parle alors de « binge watching »).
« La cyberdépendance a beaucoup évolué depuis le confinement », explique Alexis Peschard. Dans son récent livre « Tous accros aux écrans » paru aux Éditions Mardaga, l’auteur explique pourquoi ce phénomène d’hyper-connexion a augmenté pendant les différents confinements et propose des pistes pour le limiter.
Pendant le premier confinement, en effet, un Français sur deux a augmenté son temps d’utilisation des réseaux sociaux. « Un constat qui peut s’expliquer par la solitude, l’ennui et le sentiment d’isolement que certains ont vécu et qu’ils ont cherché à pallier », selon l’addictologue. Dans le même temps, 38% des Français ont augmenté le temps passé sur les réseaux sociaux. Des pratiques qui, pour beaucoup, ont eu tendance à perdurer.
Les risques
La cyberdépendance ou d’hyper-connexion peuvent avoir des conséquences non négligeables sur la santé :
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Le sommeil peut être altéré et l’alimentation négligée. En effet, on a plus tendance à grignoter, ou au contraire, on oublie de s’alimenter.
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Au volant d’un engin ou d’une machine, la fatigue ou l’utilisation du smartphone peuvent aussi déconcentrer l’utilisateur, avec un risque d’accident. Si 1 français sur 2 déclare utiliser son téléphone en conduisant, rappelons qu'un accident corporel sur 10 est lié à l’utilisation du téléphone portable. Ce chiffre est élevé car le smartphone cumule 4 sources de distractions : il occupe notre regard, notre audition, nos mouvements et bien sûr notre attention. Le risque routier est malheureusement le plus mortel des risques professionnels. Au volant, nous sommes donc tous responsables pour faire baisser ce risque !
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Des troubles de la vision, à force de passer trop de temps devant les écrans, peuvent également apparaître ainsi que des troubles musculo-squelettiques centrés sur les poignets et les doigts.
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Dans le contexte professionnel, la cyberdépendance devient un enjeu de sécurité.
L’usage du smartphone sur les chantiers ou pendant la manipulation de charges détourne l’attention et augmente le risque d’accidents.
Un instant d'inattention peut avoir des conséquences non seulement sur l'individu distrait mais aussi sur ses collègues. Il est donc crucial d’adopter des comportements limitant l'utilisation des appareils numériques à des zones sûres et des moments appropriés pour préserver la sécurité de tous.
L’image biaisée des réseaux sociaux
Les réseaux sociaux présentent souvent une réalité idéalisée et altérée, ce qui peut provoquer chez certains utilisateurs une insatisfaction vis-à-vis de leur propre vie. La constante exposition à des images de “vies parfaites” peut être déprimante et créer un terrain propice à la dépression, surtout si on compare ces représentations à notre quotidien. Il est vital de reconnaître la nature sélective et souvent embellie du contenu en ligne pour se prémunir contre ce biais et maintenir une perspective saine et réaliste de notre propre existence. Il est également important de garder l’esprit critique et de ne pas considérer les réseaux comme des médias d’information à part entière.
Les solutions
Mais alors, comment « déconnecter » ? Certaines solutions existent « même s’il n’existe pas de recettes miracles », prévient Alexis Peschard. Surtout que l’abstinence, qui peut être conseillée dans d’autres cas d’addiction, semble bien compliquée dans le cas présent au vu du monde hyperconnecté dans lequel nous évoluons.
Première étape, il convient d’abord de tester son propre rapport à l’écran : Quand et combien de temps ? Est-ce que je peux m’en passer ? Mes activités sont-elles saines et sans conséquences néfastes pour moi-même ou pour les autres ?
La prévention en matière de cyberdépendance se résume surtout à une forme d’éducation à la santé. Et pour se soigner, il faut tout d’abord avoir conscience de sa cyberdépendance.
En cas d’utilisation compulsive et non contrôlée, voici quelques conseils pour réduire votre temps d’écrans :
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Opter pour un modèle de téléphone avec moins de fonctions, ce qui permettrait de limiter son utilisation. Fini la tentation de jouer toute la journée si on a un téléphone qui ne permet que d’appeler et d’envoyer des messages !
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Supprimer les notifications qui ne sont pas importantes et qui apparaissent très (trop ?) souvent.
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Retarder la première utilisation de son téléphone d’une trentaine de minutes, à l’image de quelqu’un qui voudrait arrêter de fumer et qui retardait la consommation de sa première cigarette.
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Il est aussi conseillé de ne pas déposer son téléphone tout le temps face visible près de soi pour ne pas être tenté de le regarder trop souvent.
Et puis ces moments sans utiliser la technologie sont l’occasion de prendre l’air, d’explorer son quartier ou de rencontrer du monde (ailleurs que sur les réseaux !).
Être conscient de sa dépendance
La prévention en matière de cyberdépendance repose avant tout sur une éducation à la santé digitale. Et pour traiter le problème, il est crucial de prendre conscience de sa propre cyberdépendance. Pour ceux qui se trouvent dans un usage compulsif et incontrôlé, voici quelques astuces pour diminuer votre temps d’écran:
- Choisir un modèle de téléphone avec moins de fonctionnalités, limitant ainsi son usage. Moins de possibilités équivaut à moins de tentations.
- Désactiver les notifications inutiles qui sollicitent notre attention de manière excessive.
- Repousser la première utilisation de son téléphone le matin, un peu comme un fumeur cherche à retarder sa première cigarette de la journée.
- Éviter de laisser son téléphone face visible à proximité pour ne pas être tenté de le consulter constamment.
Ces moments sans technologie peuvent être l’occasion de redécouvrir le monde extérieur, d’explorer son environnement ou de nouer des relations sociales en dehors des réseaux numériques.